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anonymes
 

 

La chanson de Bereterretxe

    Anonyme, XVème siècle

 

Il s'agit sûrement de la chanson médiévale la plus populaire dans tout le Pays Basque. Elle nous est parvenue grâce à la transmission orale, même si les auteurs-interprètes contemporains ont largement contribué à sa diffusion. Cette composition relate l'un des nombreux épisodes des luttes entre clans rivaux et les crimes qui ont été commis. Le crime dénoncé par l'auteur à été ordonné par le comte de Lerin (Haute Navarre) et perpétré entre 1434 et 1449.

 

LA CHANSON DE BERETERRETXE

        anonyme , siècle XV

 

 

        L'aulne n'a pas de moelle

        ni le fromage d'os;

j'ignorais que le fils de bonne famille disait des mensonges.

 

        Vallée d'Andoze!

        O quelle longue vallée!

Trois fois, sans armes, elle m'a fauché le coeur !

 

        Bereterretxe, du lit,

        à la servante, avec douceur :

« Va, regarde s'il parait des hommes ! »

 

        De suite, la servante,

        comme elle le vit,

que trois douzaines vont et viennent d'une fenêtre à l'autre.

 

        Bereterretxe, de la fenêtre,

        au seigneur comte le bonjour,

il lui offre cent vaches avec le taureau à la suite.

 

        Le seigneur comte aussitôt,

        comme un traître:

«Bereterretxe, viens à la porte; tu retourneras de suite. »

 

        « Mère, donnez moi la chemise;

        peut-être celle pour jamais;

qui vivra se souviendra du lendemain de Pâques ! »

 

        O la course de Mari Santz,

        à la descente de Bostmendieta

En se traînant sur ses deux genoux, elle est entrée dans la maison de Buztanobi de Lakarri.

 

        « Jeune Buztanobi,

        frère bien-aimé,

s'il n'y a secours de toi, mon fils est perdu ! »

 

        « Soeur, tais toi,

        je t'en prie, ne pleure pas,

ton fils, s'il est vivant est sans doute à Maule. »

 

        O, la course de Mari Santz,

        à la porte du seigneur comte!

« Aïe, aïe, où avez vous mon tendre enfant ? »

 

        « Toi, tu avais un fils

        autre que Bereterretxe ?

Il est aux environs d'Ezpeldoi, mort; va, ramène-le vivant ! »

 

        Gens d'Ezpeldoi,

        gens sans coeur

ils avaient un mort si près, et ils n'en savaient rien !

 

        La fille d'Ezpeldoi

        se nomme Margarita

elle ramasse le sang de Bereterretxe à pleines mains.

 

        La lessive d'Ezpeldoi

        ô la belle lessive

il s'y trouve, dit-on, trois douzaines de chemises de Bereterretxe.

 

 

Traduction: Jean Ithurriague

Version originale": BERETERRETXEREN KANTOREA

© Traduction: Jean Ithurriague    

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